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haine & la jalousie entre les membres de la république littéraire. Il s’oppose par ce moyen à la paix & à l’union de la littérature.

Le public oisif retient les injures & les épigrammes, & oublie les talens & les vertus de l’auteur. Le ministere sent bien quelle prépondérance auroit la république littéraire sur les esprits, si l’estime universelle répondoit à ses travaux. Il tâche de lui ravir cette estime précieuse, & une foule d’aboyeurs, doués d’un esprit médiocre & d’une rage incurable, servent le ministere au-delà de ses espérances.

On ne doit jamais répondre aux journalistes, parce que l’ouvrage se défend de lui-même. Il ne faut qu’un peu de tems pour faire tomber les critiques les plus envenimées. Le silence du mépris est l’arme la plus sûre envers des rivaux dignes ou indignes. Rien de plus divertissant pour l’amour-propre des sots, que la guerre continuellement allumée parmi les auteurs. Tous ces esprits bornés, tous ces ignorans voient avec joie des