Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 145 )

lettres de recommandation la sollicitent. Chaque postulante fait autant d’efforts que s’il s’agissoit d’un objet de la plus grande importance.

La femme qui ne se sent pas les qualités requises pour es grand rôle, ou qui n’a pas le crédit convenable, prend le parti de la retraite, joue la petite santé, s’environne de médecins, sans trop goûter de leurs ordonnances. Elle paroît accablée d’une migraine éternelle ; mais c’est un artifice ingénieux, pour donner à ses attraits expirans un air de langueur au défaut d’un jour plus piquant. Elle ouvre sa porte à cette foule de gens qui portent par-tout leur désœuvrement, qui viennent sans façon bâiller dans leur visite, & accuser l’excessive lenteur du tems. Enfin, après avoir eu nombre d’amans, elle doit s’estimer heureuse, si elle a su en convertir un en fidele ami.

Au reste, une femme à Paris n’a jamais quarante ans ; elle en a toujours trente ou soixante ; & comme personne ne dit le contraire, la femme quadragénaire n’existe pas.