Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 120 )

leuses deviennent d’un comique qui rend l’auditeur émerveillé encore plus étonnant que le narrateur. C’est une suite de mensonges facécieux, enchaînés les uns aux autres ; & j’ose assurer que tel Suisse, tandis qu’il boit, l’emporte à cet égard sur le plus déterminé Gascon.

Les contes jaunes, les contes bleus, les contes à la cigogne, n’approchent pas de ces narrations romanesques, écoutées en silence, & qui deviennent encore plus plaisantes par les remarques sérieuses que fait l’auditoire du cabaret.

On a mis en scene devant Leurs Majestés le dialogue incroyable du menteur intrépide, & des provinciaux crédules : rien de plus vrai que le fond de cette farce. La coutume qu’on a de s’entretenir par-tout de la cour de Versailles, a créé dans de certains endroits des traditions d’une extravagance si rare, qu’on ne sait ce qui a pu enfanter ces détails imaginaires, dont on auroit peine à désabuser les personnes qui les ont adoptés, quelque raisonnables qu’elles soient d’ailleurs.