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sont gênés, contrariés dans leur marche, & pourquoi faut-il encore des bureaux ? quand j’ai le desir d’aller voir, par moi-même, comment se porte en son château le roi de France ?

Tel qui n’a été à Versailles qu’en carrabas, de retour dans son bourg de province, fait un roman effronté & ridicule sur ce séjour du souverai. Il a vu le roi, les princesses, le grand couvert, rien de plus vrai ; mais il y ajoûte des circonstances mensongeres, qui sont reçues avec admiration par la crédulité ignorante : l’exagération a son passe-port, & le conte le plus bizarre est écouté. Le raconteur persuade à ses compatriotes tout ce qu’il veut. Il loue l’affabilité de la reine, qui a daigné lui demander des nouvelles de son pays, & ce récit inconcevable qu’il imagine, le fait prendre en haute considération. Il s’échauffe en répétant la même histoire, & parvient lui-même à la croire véritable.

Ou ne sauroit imaginer ce qui se dit de Versailles au fond de la Gascogne, & dans les tavernes Suisses. Les descriptions fabu-