Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 117 )

carrosses dits pots-de-chambre, moins incommodes, mais constamment ouverts à tous les vents.

Quand vous prenez un de ces pots-de-chambre, vous avez des pages. Le cocher qui n’a point de gages, place à douze sols par tête quatre personnes, deux sur le devant, & deux sur le derriere. Ceux qui sont sur le devant s’appellent singes, & ceux qui sont sur le derriere lapins.

Le singe & le lapin descendent à la grille dorée du château, ôtent la poudre de leurs souliers, mettent l’épée au côté, entrent dans la galerie, & les voilà qui contemplent à leur aise la famille royale, & qui jugent de la physionomie & de la bonne grace des princesses. Ils font ensuite les courtisans tant qu’ils veulent. Ils se placent entre deux ducs, ils coudoient un prince trop empressé, qui retient son geste quand il l’a outre-passé, & rien n’empêche le lapin & le singe de figurer dans les appartemens & au grand couvert, comme suivant de la cour.