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baptême : madame, d’un païen nous allons faire un chrétien. Hélas ! ce pauvre enfant n’est rien ; on le sauve de l’enfer sans qu’il s’en doute.

Plusieurs riches, pour abréger, font aujourd’hui comme les plus pauvres ; ils prennent le bedaud de la paroisse pour parrain, & la mendiante au tronc pour marraine. Un gueux à qui l’on donne un écu, va répondre devant le prêtre de la croyance de M. le marquis.

La sage-femme couvre le nouveau-né d’une tavaïolle. Tous vont à l’église sous le même costume.

Tout parrain doit réciter le credo. Sur cent, quatre-vingt-dix-huit ne le savent plus. Le prêtre, pour ne pas donner auprès des fonts baptismaux le spectacle journalier de catholiques ne sachant plus leur symbole de foi, permet qu’on le dise tout bas.

Un baptiseur plus difficile, exigeant d’un parrain que le credo fût récité à haute & intelligible voix, le parrain répondit : j’en ai bien retenu l’air ; mais j’en ai oublié les paroles.