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riere, l’inscription latine, pour le savant antiquaire qui viendroit la lire dans douze cents années. Ainsi tout le monde seroit content. Permis même aux amateurs du grec de graver aussi leurs mots ; mais toujours derriere la plaque.

Comme six cents mille citoyens, faisant des maisons, des bas, des souliers, & pêtrissant le pain que mangent meilleurs les savans, n’ont pas eu le loisir d’aller au college, il faut que les latinistes aient de leur côté la complaisance de leur laisser l’usage de leur langue maternelle, & de ne pas mettre sous les pieds d’un roi un latin qu’il n’a jamais compris, car il ne pourroit pas expliquer lui-même ce qu’on dit à sa louange.

Voici un invalide qui s’avance sur une jambe de bois ; il a perdu un bras à la bataille de Fontenoi ; il s’approche de la statue du monarque pour lequel il a versé son sang. Il sait lire ; mais il ne peut plus reconnoître le nom de la célebre bataille où il fut blessé & vainqueur. Le cruel latiniste lui a enlevé une