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serons mieux là que dans la ville barbare, où la hache de la sottise coupe les racines de l’arbre des beaux arts ; où l’on veut lier notre langue, fermer notre bouche ; où l’on métamorphose quelquefois en vil carton nos productions les plus ingénieuses !

Adieu, grossier pays, où le génie est obsédé de mouchards. Je vais respirer l’air pur du Prytannée.

Oh, si les bouquetieres d’Athenes avoient avec les fleurs qu’elles vendoient, une ressemblance que les nôtres n’ont pas ; si les courtisannes avoient autant d’esprit que nos filles entretenues sont bornées : si les vendeuses d’herbes étoient douées d’un tact particulier, qui leur faisoit sentir toutes les nuances d’un dialecte : oh, quel plaisir, mes amis, de pouvoir être libres dans nos propos, de souper avec une Aspasie & de rire de nos pesans persécuteurs, qui prennent tout au sérieux, qui ne savent pas plaisanter avec les gens d’esprit, qui vous envoient des exempts à la mine de Sycophante, au lieu de vous décocher fine-