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tel, que de vouloir le rapetasser. Tous les musiciens perdront leur tems & hasarderont leur réputation sur ces canevas vuides, qui repoussent le génie.

Voici donc qu’à peine le buste de Rameau est-il placé dans sa niche, qu’il faut l’en déloger. La musique braillante de Lulli a disparu, & c’est ainsi que tout art se forme en se recomposant ; car s’il s’arrête, il recule.

Depuis que nos opéra-tragiques & nos brillans opéra-comiques sont en vogue, on raffole de toutes les ariettes, & l’on entend solfier à voix basse dans les rues, dans les promenades, dans les sociétés ; c’est un air que se donnent ceux même qui n’ont ni voix ni oreilles.

Ah, combien le gouvernement doit chérir l’opéra ! Les factions theatrales font disparoître toutes les autres factions.

La politique d’Alcibiade, qui coupa la queue à son chien pour distraire les Athéniens de sa personne, est une politique renouvellée de nos jours. Nos bals, nos spectacles, nos his-