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Tous les cœurs ont obéi à cette musique expressive & touchante. Il a eu un rival dans l’Italien Piccini, harmonieux, brulant & tendre ; mais le Saxon a de plus grandes puissances. C’est lui qui est terrible, touchant, rapide & vrai. Alceste ! ah, quel opéra !

Le Saxon a essuyé le premier feu de nos préventions, & son rival a eu moins de peine ensuite à faire son effet.

Puisse le génie triompher des derniers obstacles qui s’opposent à la perfection de cet art, sorti enfin pour nous de l’enfance où nous le captivions ! Que l’on choisisse des poëmes où l’intérêt ne soit ni coupé ni affoibli ; & que le décorateur ambitieux, le despotique maître de ballet, le lourd orchestre cessent d’être rebelles & de donner des entraves ridicules au génie qui doit commander à ces subalternes, & les soumettre à son autorité.

Je crois qu’il faut renoncer totalement à Quinault ; il n’y a rien de si insipide que ses opéra ; il n’a ni rapidité, ni diversité, ni chaleur. C’est une folie à l’académicien Marmon-