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CHAPITRE DCI.

Révolution Musicale.


Quand on veut donner une jouissance nouvelle au Parisien, il se mutine & commence par injurier le novateur : comme si en fait de plaisirs un novateur pouvoit être dangereux !

L’ennui, la mélancolie habitaient pour moi l’opéra, & je disois avec la Bruyere : Je ne sais comment, avec une magnificence royale, on est parvenu à me faire bâiller. Je regardois le séjour de la musique comme un lieu où je serois constamment sourd, & jamais ému. Gluck est venu, & j’ai connu les charmes de la musique. Je me croyois mort pour l’art, & l’art a commencé à exister pour moi. C’est à son expression simple, énergique, que j’ai enfin senti couler des larmes que je n’avois jamais versées dans le séjour des enchantemens.