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sans se choquer. Il a besoin de renouveler son ame dans ce lycée des esprits qui n’ont rien d’extrême.

Ailleurs ce n’est plus le même ton, la même simplicité, la même fécondité. L’homme de lettres n’est point entendu, & il n’entend point ; il est réduit à écouter, sans pouvoir comprendre. Ce n’est plus cette langue de Paris qui effleure & approfondit, qui voltige & qui plane, qui étend les rapports, les varie, montre à-la-fois le côté plaisant & le côté sérieux : alors l’homme de lettres hors de sa patrie, ne retrouvant plus la justesse ni la netteté des idées, encore moins leur force & leur profondeur, se tait plutôt que de profaner ce langage délicat & mixte qui distingue ceux qui des mots sont remontés aux idées. Il se recueille en lui-même, étudie les gestes & laisse trotter les langues ; car que de gens prennent la parole pour la conversation !

Les plus grands détracteurs de la capitale, frappés de cette prompte communication des idées, de cette électricité rapide des esprits,