Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 285 )

de tems. Il les comparoit ensuite à des tonneaux vuides, qui rendent plus de son que les tonneaux pleins. Orateurs des cafés, orateurs des sallons, orateurs des journaux, orateurs des foyers, vous n’êtes que des futailles !

Vainement voudroit-on étouffer dans le Parisien à un babil indiscret ou présomptueux qui lui est naturel ; ce penchant est irrésistible. Depuis la tête du ministre jusqu’à la jambe du danseur, il faut qu’il dise son mot sur tout ; il faut qu’il répete l’épigramme du jour ; c’est pour lui un triomphe. Mais son caquet est aussi inconstant que ses idées. Attendez huit jours ; & ce parler bruyant qui sembloit devoir tout renverser, quittera un édit ou un ministre, pour tomber sur une ariette ou sur un demi-poëte.