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Il est vrai que la nature n’a jamais imprimé une différence plus marquée entre deux nations qui se touchent. Elle s’est plu à établir une séparation morale, qui a droit d’étonner quiconque sait réfléchir. De Calais à Douvres tout change, au point que, dans plusieurs choses, ce sont les contraires qui font contraste.

L’esprit philosophique, qui envisage toujours la gloire de l’espece humaine avant celle d’une nation particuliere, prenant un juste milieu entre l’orgueil national de ces deux peuples, a balancé plus d’une fois les avantages & les inconvéniens, mais sans vouloir déterminer à qui appartient la prééminence. Il les a invités sagement à profiter de l’échange de leurs idées : commerce digne d’eux, & fait pour les élever à la vraie grandeur, qui ne germe point sur le sol sanglant des batailles.

Cet esprit de sagesse & de prévoyance pourroit aller plus loin dans son essor. Il pourroit annoncer d’une maniere non équi-