Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 258 )

vie que d’ambition. Ils se voient & se rencontrent avec plaisir ; ils sentent qu’ils sont nécessaires les uns aux autres ; ils se plaisent dans leurs disputes vives & intéressantes ; & quoique prolongées, elles finissent paisiblement. Un rien les brouille, un rien les raccommode. Nous osons croire que, s’ils se fréquentoient davantage, ils apprendroient à s’entr’aimer. Faute de se connoître, ils tombent dans des préventions extrêmes, autant sur leur caractere respectif que sur leurs talens. Il pourroit résulter de leur fréquentation mutuelle un grand avantage, l’échange insensible de leurs idées. Il ne faut pas s’étonner s’ils tiennent opiniâtrément à leurs principes ; lesquels sont le ressort actif & nécessaire de leurs travaux. Mais en même tems il est assez commun de les voir adopter des vérités qu’ils avoient d’abord méconnues ou combattues.

Quant au reproche qu’on leur fait d’avoir le sang un peu trop chaud, doit-on être surpris que des hommes qui ont la fibre aussi