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recelent les feux empoisonnés de Tisiphone.

Cette réforme sera difficile ; car elle demande un esprit juste, & un coup-d’œil vraiment philosophique : mais elle devient de toute nécessité.

Non, il ne faut pas qu’une créature séduisante & pourrie attaque dans la rue le jeune homme, en lui montrant des appas propres à échauffer un vieillard, ni qu’elle fasse perdre en un instant à son malheureux pere le fruit de dix-huit années d’éducation & de soins. Non, il ne faut pas que l’époux, jusques-là fidele, rencontre tous les soirs de ces femmes, marchant avec un air de volupté, qui ne fut jamais dans la respectable mere de famille. Voilez ces objets de tentation à tous les regards ! Éloignez-les ! La parole qui sort de la bouche de la prostituée, & qui va frapper à deux pas l’oreille de l’innocence, est encore plus dangereuse que ses appas. Sa parole affiche le mépris de la pudeur. Si le dernier acte de la débauche est caché, pourquoi le premier ne le seroit-il pas également ? Ce n’est pas le