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vant le miroir de nos cheminées. L’un se grattoit légérement le dessous du nez ; l’autre faisoit le gros dos dans un à-plomb à peu près immobile ; celui-ci sautilloit comme s’il avoit du vif-argent dans les jambes, affectant tour-à-tour la gravité & l’étourderie. Voilà les leçons que les jeunes gens prennent au théatre ; ils viennent ensuite dans les maisons achever le rôle du comédien.

Que l’étranger se mette au fait des manieres de l’acteur en vogue, & il pourra juger celles qui sont dominantes.

L’engouement pour tel acteur cesse quand il a été suffisamment copié. Il vieillit ; lui seul ne s’en apperçoit pas ; il voudroit encore donner le ton : on vole à d’autres modeles, & l’on court les chercher jusques sur les théatres du second ordre. Jeannot n’a-t-il pas eu ses imitateurs ?

Aussi les jeunes gens qui fréquentent les spectacles, ont tous une légere nuance du comédien à la mode. Il n’y a que l’homme de cour qui échappe à la contagion, & qui