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foule grimacer & convulsionner sur son tombeau. L’enthousiasme communiqué au peuple auroit eu des suites, sans l’aurore de la philosophie qui dissipa ces extravagances, ridiculisa les novateurs & le thaumaturge, & servit le gouvernement assez inquiet sur cette épidémie morale. Les esprits échauffés, avec les noms de religion & de miracle, auroient pu aller loin, tant le délire devenoit universel. Une princesse douairiere que l’âge avoit rendue aveugle, acheta pour mille écus les vieilles culottes du diacre, pour s’en frotter les yeux ; mais il y eut quelque chose de plus étonnant encore ; ce fut un gros livre in-4, avec figures, contenant le recueil des miracles prétendus de l’abbé Pâris. Ce livre d’un M. de Mongeron, est excellent en son espece ; c’est-à-dire, pour humilier l’esprit humain, & l’avertir des écarts dans lesquels il est toujours prêt à tomber.

Les mêmes enthousiastes ont continué leurs convulsions clandestinement ; ils ont eu recours à des prestiges fort étonnans il faut