Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 296 )

gnoit à des mains royales à faire des boutons ; quand le bouton étoit fait, l’artiste disoit : à présent, Sire, il faut lui donner le fion. À quelques mois de là, le mot revint dans la tête du roi ; il se mit à compulser tous les Dictionnaires françois, Richelet, Trévoux, Furetiere, l’Académie françoise, & il n’y trouva pas le mot dont il cherchoit l’explication. Il appella un Neuchatelois qui étoit alors à sa cour, & lui dit : dites-moi ce que c’est que le fion dans la langue françoise ? Sire, reprit le Neuchatelois, le fion c’est la bonne grace.

Graves auteurs, graves penseurs, naturalistes, politiques, historiens, vous n’êtes pas dispensés de donner le fion à vos livres ; sans le fion vous ne serez pas lus. Le fion peut s’imprimer dans une page de métaphysique, comme dans un madrigal à Glycere. Académiciens qui parlez de goût, étudiez le fion, & placez ce mot dans votre Dictionnaire qui ne s’acheve point.