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conflit, les charades ont remporté la victoire. Les bouts-rimés vouloient reparoître comme troupes auxiliaires ; mais également vaincus, l’armée des charades les repoussant a déployé ses enseignes triomphantes dans le Journal de Paris & dans le Mercure de France. L’énigme & le logogriphe sont abandonnés aux provinciaux désœuvrés. La charade occupe les esprits de la capitale ; on n’entend plus que mon premier, mon second & mon tout. Les femmes prononcent ce mon tout avec une grace particuliere. Étrangers, ouvrez le premier Mercure, & si vous l’ignorez, vous verrez ce qu’est une charade. Je ne vous l’expliquerai point.

Oui, le calambour est terrassé ; mais c’est depuis peu. En vain M. de Voltaire avoit dit à madame Du Deffens : liguons-nous ensemble, ne souffrons pas qu’un tyran si bête usurpe l’empire du grand monde. Le grand-maître des calambourdistes gouvernoit cet empire avant & depuis la mort de ce grand homme ; mais il vient enfin d’être détrôné : il a trouvé son maître. Humilié, vaincu, tous ses lauriers