Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 248 )

enchanteurs adorés, dont le souvenir fait encore palpiter de plaisir ceux qui les admirerent autrefois ! Un Porpora, dont la voix étoit si suave, le goût si exquis, l’art si parfait, qu’il reprenoit son souffle sans que jamais on pût s’en appercevoir ; un Ferri, qui montait & descendoit tout d’une haleine deux octaves par un trill continu, marquant tous les degrés chromatiques avec la plus grande justesse ; une Tesi, dont l’action vive, l’humeur enjouée, la prononciation nette, l’accent voluptueux & l’aimable abandon savoient rendre routes les nuances de la folie & de la gaieté, & cette Cuzzoni, surnommée la voix angélique, parce qu’elle avoit par excellence le secret si rare de conduire son chant, de le renforcer, de le soutenir, de l’éteindre en quelque sorte & le varier par des trills, des mordans, des ondulations, par ces petits grouppes fugaces & ces mouvemens passionnés, qui mettoient en vibration toutes les fibres de l’amour & du plaisir.

Ce sont les écoles d’Italie qui ont formé