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lent de l’Être suprême avec une vénération & un amour qui saisissent l’ame ; & tout ce qu’enseigne le christianisme, ne trouve en eux aucune contradiction formelle. Enfin, ils n’entament aucune question politique.

Qui l’eût dit, qu’après les Encyclopédistes viendroient les Martinistes ? Ceux-ci n’ont aucun trait de la physionomie propre à la hautaine secte philosophique.

Je ne sais comment le clergé, le gouvernement & la littérature s’arrangeront un jour avec eux. La secte qui vit dans un monde intellectuel ne paroît pas vouloir recourir à ce qui choque les hommes. Elle n’ambitionne ni pouvoir, ni richesse, ni renommée ; elle rêve, elle cherche la perfection ; elle est douce & vertueuse, elle veut parler aux morts & aux esprits. Cela n’est pas dangereux.

Des jeunes gens distingués par l’éducation & la figure, suivent ces idées extraordinaires. Ils laissent à d’autres les plateaux électriques, les creusets, les vases en fermentation, les recherches sur l’air fixe ; ils tiennent mieux,