Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 154 )

la perte des tapis émaillés, & remplacent l’aspect des bois épais & fleuris.

Malgré les défenses de police, le citadin casanier tient à son pot de fleurs, à sa caisse de terre. Il la cache quand l’inspecteur passe ; il la replace quand il est passé. Mais au moment qu’on y pense le moins, la masse s’échappe, tombe du cinquieme étage. Heureux celui qui n’en est pas touché ! L’arbuste & les fleurs sont emportés par le ruisseau, & les débris de ces jardins suspendus attestent sur le pavé qu’il n’auroit pas fallu se trouver à leur descente.

L’hommage offert à Pomone & à Flore, exilées de la ville, se manifeste à chaque rue au sein de la triste prison où le travail & la nécessité renferment l’artisan livré à des métiers sédentaires. Telle femme nourrit quatre poules, six lapins, éleve huit serins, & sur les rebords de sa fenêtre fait croître un groseiller, un prunier. Le goût de la campagne perce, & vient expirer sur les balcons où les rayons du soleil, interceptés par la hauteur des cheminées, ne frappent qu’une heure