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Que d’adresse il faut à une femme-de-chambre pour faire valoir, embellir les charmes de sa maîtresse ! Il faut la rendre jolie, ou du moins lui persuader qu’elle a des graces infinies. Chaque matin la maîtresse la questionne sur son visage. Elle doit avoir une réponse prête, aller au-devant du caprice, corriger la mauvaise humeur, tromper l’amour-propre, enfin avoir l’air de la sincérité.

On la gronde facilement ; mais il lui est permis de montrer un peu de dépit. Le triomphe de la maîtresse ne seroit pas complet, si la femme-de-chambre étoit impassible.

Rien de plus curieux que le dialogue qui s’établit quelquefois à la toilette : c’est un mélange de hauteur, de familiarité, de confiance, de mépris qui a quelque chose d’indéfinissable.

La femme-de-chambre connoît mieux sa maîtresse que le laquais ne connoît son maître. Aussi nombre de secrets particuliers ont été révélés par des femmes-de-chambre : c’est une bonne fortune quand on peut les enlever