Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 85 )

CHAPITRE CCCLXXXIV.

Marmite perpétuelle.


Allez la voir sur le quai de la volaille, pendue à une large crémaillere : là nagent des chapons au gros sel qui cuisent tous ensemble, & qui se communiquent réciproquement leurs sucs restaurans. À toute heure du jour vous pouvez pêcher un de ces chapons ; un excellent jus l’accompagne, & vous le mangerez chez vous tout chaud ou à quatre pas de là, en l’arrosant de vin de Bourgogne.

On regrette la marmite perpétuelle quand on se trouve dans un ingrat pays, où l’on ne sait point élever la volaille ; où l’art de la nourrir & de l’engraisser n’a jamais été connu ni même soupçonné ; alors on songe aux chapons ainsi qu’aux huîtres & aux harengs. Vous n’en voyez que de pétrifiés, & cette consolation n’est bonne que pour le naturaliste qui vous dit froidement : ici l’on