Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 76 )

CHAPITRE CCCLXXXIII.

Cuisiniers.


Et tout pour la tripe, a dit Rabelais. Le délicat parasite, sybarite efféminé, si voluptueux, si sensuel, dont la table est chargée des productions de tous les climats & les plus propres à flatter & réveiller le goût, qui va au-devant de toutes les sensations agréables, qui s’environne du charme profond des arts pour prévenir l’ennui, est-il à votre avis, de la même espece que le Lapon qui boit en place de vin de Tokay l’huile puante qu’il exprime de la graisse des poissons ? Et cette belle femme parée, traînée dans un char transparent qu’emportent six nobles coursiers, habite-t-elle la même terre que la Samojedes aux mamelles noires & pendantes, errante sur la mer Glaciale, ou respirant l’air humide & étouffé d’une taniere ?