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quant aux objets de ses caprices, ils semblent devoir être conservés, comme plus sacrés.

On trouve de tout dans les inventaires à la levée des scélés ; les différentes manies des hommes paroissent au grand jour, & la confession du défunt se trouve visiblement écrite dans ses armoires.

Le public acheteur fait tout haut ses libres commentaires dans le foyer même que le décédé habitoit, & tout homme peut se dire de son vivant : ces bronzes, ces tableaux qui m’ont tant coûté & que je dérobe à l’œil du curieux, seront témoins, après mon trépas, du jugement que l’on portera de mes goûts. Oh, que ne peut-il entendre d’avance ce qu’on en dira ! Il métamorphoseroit ces superfluités… Mais que fais-je ? L’huissier-priseur entend-il la morale ?

Tout l’homme est donc alors à découvert ; vices cachés, manie, goûts bizarres ; le jugement universel n’en annoncera guere plus un jour. Il se trouve quelquefois des objets si fantasques, si inconnus, qu’il n’y a que l’huis-