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Il y a ensuite les petites ruses du métier. Tel huissier-priseur est souvent marchand tacite ou bien associé avec des marchands ; & dans les adjudications, il sait conséquemment couper la broche à propos, c’est-à-dire, adjuger suivant qu’il lui plaît, d’après ses vues secretes ou celles de ses commettans cachés.

L’adjudication est un prononcé irrévocable ; mais que de clameurs avant le mot définitif ! L’huissier-priseur est obligé d’avoir un crieur à gages, un stentor. On n’entend que cette répétition éternelle des acheteurs, un sol, un sol, tandis que l’huissier de son côté crie, une fois, deux fois, trois fois. On diroit que l’objet crié va être adjugé sur-le-champ ; car l’huissier dit toujours, pour la derniere fois, en voulez-vous, n’en voulez-vous pas ? Un sol, un sol, répete l’assemblée ; & voilà l’objet qui de sol en sol remonte subitement à mille livres au-dessus du premier prix. Un sol a fait pencher la balance ; un sol la fixe invariablement.

L’huissier en habit noir, avec sa voix flûtée,