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faut recevoir le coup de la méchanceté comme le coup du balai, se laver & se taire.

Paris depuis quelques années m’a paru plus mal-propre qu’il ne l’étoit ci-devant. D’où vient cette négligence ? Le bourgeois tenu de balayer sa porte, ne la balaie pas ou la balaie lâchement. La police avoit établi des balayeurs, à charge de faire payer à chaque maison une légere contribution : mais le bourgeois qui redoute la plus petite taxe, parce qu’il sait par expérience qu’elle ne fait que croître & embellir, s’est refusé au paiement. On attend sans doute que le bourgeois récalcitrant en ait jusqu’aux oreilles & qu’il crie. Alors il se soumettra de bonne grace à la régie des balayeurs, qui me semblent de toute nécessité. Les servantes & les valets s’acquittent très-mal de cet emploi devant la façade des maisons ; & puis le balai ne va point jusqu’au ruisseau du milieu, parce qu’à Paris, plus qu’ailleurs, chacun est pour soi & qu’on s’y inquiete peu de l’intérêt général.

En attendant que ce procès entre la bour-