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le béat exilé de la ville. On lui a confié l’instruction chrétienne de quelques nieces à marier, & que leur peu de fortune oblige à vivre chez la tante.

Sa physionomie quoiqu’austere est fleurie, sa soutanne bien étoffée ; il retrousse avec grace un long manteau ; ses souliers sont lices ; il a presque la contenance & la dignité d’un prélat. Les mots de vertu, de probité, de piété, sont incessamment dans sa bouche ; il étudie les caracteres, les flatte sans affectation, & prend peu à peu l’ascendant auquel il aspire. Bientôt il décide de tout dans la maison, & c’est à son tribunal que se portent les questions les plus difficultueuses.

Les nieces craignent de le mettre contre elles, & le ménagent ; puis il devine tous leurs petits secrets ; il a soin de vanter la discrétion & il en tire un parti assez adroit ; il ne répond que quand on le consulte ; mais il fait si bien qu’on le consulte toujours. Aussi n’y a-t-il plus rien à répliquer dès qu’il a prononcé.

Il assigne les confesseurs qu’il faut prendre,