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d’avoir affaire aux étrangers, les servent beaucoup mieux que ne feroient d’autres. Ils connoissent toutes les allures des différentes maisons de la capitale ; ils savent où sont placés les serrails, ce qui les meuble & leurs taux respectifs. S’ils vous volent un peu d’un côté, en revanche ils empêchent de l’autre que vous ne le soyez outre mesure. Il y a parmi cette engeance plus d’un vrai Gil-Blas ; & les valets de l’ancienne comédie ne se retrouvent plus que dans cette classe. Habiles, adroits, intelligens, ils iront au-devant de tous vos desirs ; ils connoissent les banquiers, les escompteurs, les usuriers, les avanceurs ; ils vous offrent chez les marchands un crédit immense. Ils ne manqueront pas sans doute d’espionner vos actions ; c’est un surcroît d’honoraire qu’ils touchent ; mais que ce soit eux ou de maussades serviteurs, que vous importe.

Les autres domestiques sont des machines en comparaison de ces valets actifs & prompts de la langue, de la main & du pied. Aussi