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de cette affiche : permis d’imprimer & d’afficher. Le Noir.

Quelquefois dans le cimetiere des innocens, où cinquante mille têtes de morts sont rangées en amphithéatre, il apparoît un prodige ; c’est une tête de mort qui remue ou qui roule toute seule, & le peuple d’accourir. C’est un rat qui s’est logé dans le crâne, & qui ne peut en sortir aussi facilement qu’il y est entré. Sous ces charniers dont le coup-d’œil est le plus effrayant qui soit dans l’univers, les rats vivent parmi les ossemens humains, les dérangent, les soulevent & semblent animer ce peuple de morts, qui montre à la génération présente la place qu’elle occupera sur ces gradins, où les débris de l’humanité sont placés, non plus selon les rangs qu’ils occupoient autrefois, mais d’après leur grandeur physique. Ils vont tous former la même terre calcaire. Oui, terre contre terre, pourroit dire le plus superbe potentat, en donnant la main à l’homme de la derniere classe. Mais où m’ont conduit les rats ?