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commencent par faire l’éloge du cœur compatissant de la maîtresse du logis. À l’aide de quelques circonstances dont elles sont bien instruites, elles demandent quelques secours pour alléger la situation déplorable où elles se trouvent. Le plus souvent elles ne parlent pas pour elles-mêmes, elles parlent en faveur d’une femme en couche, d’un prisonnier, d’une veuve, d’un orphelin. Le fil de leur histoire est tissu de maniere que vous écoutez avec intérêt jusqu’au bout, & que vous déliez les cordons de votre bourse.

Un de leurs stratagêmes est de lâcher par la ville un de leur marmot qui paroît perdu & qui crie qu’il a faim ; la mere éloignée le suit de l’œil, une bonne ame recueille l’enfant, & le soir arrive la mere éplorée, qui joue, comme la Dumesnil, une scene attendrissante. Elle s’accuse, dans son prétendu désespoir & en se frappant la poitrine, d’avoir voulu abandonner son enfant ; mais la nature plus forte, lui a ordonné de voler sur ses traces & de le reprendre, dût-il partager encore