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CHAPITRE CCCCXV.

Latiniste.


Aujourd’hui le petit bourgeois (qui ne sait pas lire) veut faire absolument de son fils un latiniste. Il dit d’un air capable à tous les voisins auxquels il communique son sot projet : oh ! le latin conduit à tout ; mon fils saura le latin.

C’est un très-grand mal. L’enfant va au college, où il n’apprend rien : sorti du college c’est un fainéant qui dédaigne tout travail manuel, qui se croit plus savant que toute sa famille, & méprise l’état de son pere. On l’entend décider sur tout.

Cependant il faut qu’il vive ; quel état va-t-on lui faire prendre, à quoi est-il propre ? Son pere n’a point de fortune : on le lance dans l’étude poudreuse d’un procureur ou d’un notaire, & puis voilà mon jeune homme qui postule une place de clerc, de commis,