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demandes & de sollicitations indiscretes. L’empereur qui vouloit lui eviter un affront, feignoit toujours de l’oublier. Ennuyé enfin de ce qu’il ne comprenoit pas ce que cela vouloit dire, il lui tint un langage plus ouvert. « Que veux-tu de moi, docteur ? quelle est ton aveugle prétention ? Que je te fasse un des premiers omrahs de ma cour. Ce n’est pas assez d’avoir de l’ambition ; il faut posséder les talens qui en font une vertu. Que sais-tu ? hélas ! ce que tu m’as appris. Et certes jamais enseignemens ne furent plus minces. Tu m’as d’abord fait voir mon pays comme le seul de l’univers qui méritât quelqu’attention, & tu m’as enseigné à mépriser les autres rois comme de petits gouverneurs, qui trembloient au nom de l’Indoustan. Tu abusois ainsi de la crédulité de mon enfance, & tu me disposois à nourrir en moi-même un orgueil aussi dangereux que puéril. Hors quelques pratiques minutieuses, quelques mots sans idées, quelques faits secs & décharnés d’une prétendue histoire