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illusoire la seule bonne œuvre que le cardinal Mazarin ait faite en sa vie.

Souvent quelques écoliers s’échappent de leurs classes, laissent là Tite-Live & Térence, pour venir lire Montaigne ou Moliere. Qu’ils sont tristes quand le terrible inspecteur de la cour les a reconnus ! Il les arrache à tous les livres modernes & les renvoie impitoyablement écouter les sottises de leur régent.

On fait en tout genre de singulieres demandes aux adjoints d’une bibliotheque publique. L’un dit : donnez-moi un livre qui enseigne à faire de l’or ; un autre : prêtez-moi le volume le plus amusant des œuvres de saint Augustin ; un homme en cheveux blancs demande à emprunter l’Art d’aimer d’Ovide ; un soldat pose son sabre & veut qu’on lui prête l’histoire de toutes les batailles. Le public fait des titres de livres auxquels les écrivains les plus bizarres n’ont jamais songé.

D’assidus compilateurs sont là, copiant incessamment une multitude d’ouvrages vuides