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régulierement fournie dans tous les tems à ce prix invariable.

Mais voici un autre impôt bien plus lourd, & que les riches mettent sur les pauvres.

Les bouchers fournissent les grosses maisons de ce qu’il y a de meilleur dans le bœuf ; ils vendent au peuple ce qu’il y a de moindre, & ils y ajoutent encore des os qu’on appelle ironiquement réjouissances. D’ailleurs leur balance, quoique romaine, n’est pas toujours scrupuleuse. J’ai vérifié le délit plusieurs fois, & je le dénonce aux magistrats. Puis la pauvre servante d’un petit ménage est assez mal reçue ; son chétif achat rend le boucher impérieux ; il livre ce qu’il veut, il pese comme il l’entend, il rudoie la domestique ; & avant qu’elle ait pris le parti d’aller porter sa plainte chez le commissaire, peu curieux d’écouter les servantes, elle entre chez un autre boucher. Mais si la concurrence allege le joug imposé aux petits ménages, c’est-à-dire, aux trois quarts de Paris, elle ne le détruit pas ; & n’est-ce pas assez de ce