On a beaucoup écrit pour & contre la caisse de Poissy ; on a fort bien démontré qu’il n’y avoit pas de proportion entre la sûreté des avances & l’intérêt qu’on en exigeoit. Il paroît que les intéressés font des gains trop considérables ; mais il faut l’avouer, (car il faut balancer en tout le pour & le contre,) sans eux peut-être les fournitures ne seroient pas si régulieres ni si abondantes ; le prix de la viande hausseroit & baisseroit ; il n’y auroit rien de fixe, ce qui seroit excessivement dangereux pour Paris.
En politique, le bien sort du mal ; rien ne doit être asservi à des regles trop exactement rigoureuses ; les spéculations du moraliste sont perpétuellement dérangées par la pratique & l’expérience journalieres. La caisse de Poissy, malgré l’impôt incessamment renouvellé, fait que le prix de la viande se maintient à un taux qui n’est pas excessif ; elle vaut neuf à dix sols la livre. Quand on songe à la prodigieuse consommation & aux épizooties, on est encore étonné qu’elle soit