Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 118 )

bateau, plusieurs particuliers qui, vêtus à crud d’une redingotte, lavent leur unique chemise ou leur seul mouchoir. Ils étendent ensuite cette chemise au bout d’une méchante canne, & attendent pour l’endosser que le soleil l’ait séchée.

D’autres se tiennent au lit jusqu’à ce que la blanchisseuse soit arrivée. Ils ont déjà la tête bien poudrée, mais ils n’ont point encore de linge.

Il n’y a pas de lieu sur la terre, je le répete, où l’on use plus le linge à force de le frotter. On entend à un quart de lieue le battoir rétentissant des blanchisseuses ; elles font aller ensuite la brosse à tour de bras ; elles rapent le linge au lieu de le savonner ; & quand il a été cinq à six fois à cette lessive, il n’est plus bon qu’à faire de la charpie.

Les commis de bureaux, les musiciens, les peintres, les graveurs, les poëtes achetent du drap, du galon, & même des dentelles ; mais ils n’achetent point de linge. Un beau monsieur ne met une chemise blanche