le respect les fatigue, & chasse la cordialité : l’hommage n’est plus naturel ; il est factice, ainsi que tout le reste. Il faut vivre pour la représentation ; & c’est un théâtre où les coulisses même ne permettent pas au comédien de reprendre son attitude naturelle.
L’étiquette établie dans les cours demanderoit les pinceaux d’un Rabelais : mais les princes eux-mêmes ne doivent-ils pas être étonnés de suivre avec tant de ponctualité les ordres d’un être fantastique ?
Les princes, au milieu de gens faits pour les servir, attendent quelquefois patiemment que leurs souliers soient mis, parce que l’officier qui, par sa charge, a droit de chausser le pied du prince, ne se trouve pas présent. Cette sujétion bizarre fait, des princes, des hommes asservis à des coutumes singulières.
On a vu en Espagne un sujet fidèle condamné à perdre la vie, parce qu’ayant sauvé d’un incendie une reine en chemise, il avoit été obligé de la porter entre ses bras.
Manger avec un prince est une chose que