Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 199 )

du cliquetis des armes ; c’étoient deux grenadiers qui se battaient. L’un d’eux reçut un coup d’épée, & tomba ; l’autre s’enfuit. Les chirurgiens accoururent, ramassèrent le grenadier, lui tâtèrent le pouls, qui s’éteignoit, & le chargèrent sur leurs épaules, en disant : beau sujet ! excellent sujet ! Le blessé revint à lui, & s’écria : ah ! ah ! messieurs les coquins, qui m’emportez pour me disséquer, allez ! je vous dénoncerai ; car je ne suis pas mort.

À ces paroles, les chirurgiens le posèrent sur une borne. Pardonnez-nous, M. le grenadier ! nous vous comptions mort. Ne nous dénoncez pas, & nous vous guérirons ! — À la bonne heure ! (reprit le grenadier) je consens d’aller avec vous. Ils rechargèrent le grenadier sur leurs épaules, le guérirent, & le beau sujet ne fut point disséqué.