Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 158 )

quelquefois ; elle devient maîtresse absolue du célibataire, & parvient à l’épouser. Ces grandes destinées, qui ne sont pas absolument rares, sont l’objet perpétuel des discours & de l’ambition des servantes. Mais comme en général il y a peu d’affection & de réciprocité entre les maîtres & les domestiques, telle servante a passé par quatre-vingts maisons sans avoir pu se fixer dans aucune. Il y en a de très-heureuses, il y en a de fort maltraitées ; c’est une loterie : & cette portion de l’humanité est livrée à des vicissitudes perpétuelles.

Le libertinage des enfans de la petite bourgeoisie, commence ordinairement par les servantes. C’est un désordre presque inévitable, à moins que la vigilance des parens ne soit pleine & entière ; mais la pureté des mœurs s’allie difficilement avec la pauvreté. Celle-ci conseille le vice. Les servantes, débauchées par leurs maîtres, débauchent à leur tour le fils de la maison. On diroit que les prémices des jeunes gens de métier, ou qui sont en boutique, leur