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Sur ces entrefaites, Maréchal, à qui on avoit envoyé un courier, étoit revenu à la minute. Il n’avoit pas été peu étonné de trouver le roi saigné, qu’il venoit presque de quitter, & auquel, à son retour, il ne trouvoit pas même le moindre symptôme de mal.

Cela commença à lui donner à penser. Comme le petit chirurgien n’avoit que quelques louis à espérer pour sa saignée, & qu’il commençoit à voir qu’il pourroit fort bien s’être trompé dans son attente, Maréchal, à force de le tourner, vint à bout de savoir le fond de l’histoire ; & le roi ne fut pas long-temps sans en être instruit, car Maréchal, ennemi de Daquin, avoit été aussi-tôt lui en rendre compte.

Le roi entra dans une fureur terrible : il fit arrêter Daquin, & abandonna l’affaire au jugement du conseil d’état. Toutes les voix y furent pour la mort, disant que Daquin avoit fait trafic du sang du roi. Enfin le roi, un peu revenu de sa colère, lui fit grâce de la vie ; mais à condition qu’il perdroit sa