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On marche des épaules, à la cour ; le courtisan salue légèrement, interroge sans regarder, glisse sur le parquet avec une légéreté incomparable, parle d’un ton élevé, préside aux cercles, jusqu’à ce qu’il paroisse quelques syllabes, quelque nom qui le réduise au ton général.

La politesse de la cour est-elle si renommée, parce qu’elle vient du centre de la puissance, ou parce qu’elle provient d’un goût plus raffiné ? Le langage y est plus élégant, le maintien plus noble & plus simple, les manières plus aisées ; le ton & la plaisanterie ont quelque chose de fin & de particulier ; mais le jugement y a peu de justesse ; les sentimens du cœur y sont nuls ; c’est une ambition oisive, un desir immodéré de la fortune, sans travail.

Dans la foule des courtisans, se mêlent des aventuriers qui vont, viennent, sont par-tout, publient les nouvelles apocryphes ou indifférentes ; voyez leur course précipitée : que font-ils là ? on n’en sait rien, & personne ne le leur demande.