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suivit encore, & la chambre du conseil de la ville de Dijon lança contre leur assemblée un arrêt de proscription, en les menaçant des peines les plus graves. Ces auteurs des œuvres fortes abandonnerent alors leur vocation, & se turent pour jamais… Je les regrette.

En 1742, on vit à Paris un hardi mendiant qui, dit-on, avoit du génie, de la force dans les idées & dans l’expression. Il demandoit publiquement l’aumône, en apostrophant ceux qui passoient, & faisant de vives sorties sur les différens états, dont il révéloit les ruses & les fripponneries. Ce nouveau Diogene n’avoit ni tonneau ni lanterne : il en vouloit sur-tout aux prêtres, aux catins & aux hommes de robe. On appella son audace effronterie, & ses reproches des insolences. Il s’avisa un jour d’entrer chez un fermier-général avec son habillement déchiré & crasseux, & de s’asseoir à sa table, disant qu’il venoit lui faire la leçon, & reprendre une portion de ce qui lui avoit été enlevé. On