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mulent leur caducité ; l’étalage des étoffes, des révérences compassées, des saluts mesurés, une observation maligne, des complimens froids, un maintien composé, une dignité morne & imposante : voilà comme on s’unit dans la capitale.

Il faut descendre parmi la classe des bourgeois du second ordre, pour revoir quelques images des anciennes noces. Là, elles sont moins brillantes ; mais il y a du mouvement & du bruit. Là, on voit des assemblées de quatre-vingt à cent personnes ; & les invités, chacun à leur tour, rendent le festin aux jeunes mariés : c’est un enchaînement de repas pendant onze semaines.

Les traiteurs se plaignent tous hautement que les festins de noces deviennent de jour en jour moins fréquens, qu’on s’enfuit à la campagne pour ne point faire de banquet ; ils disent que la joie tombe, que la mélancolie domine la nation, puisqu’on renonce à la bonne chere & à l’intempérance dans le jour le plus solemnel de la vie, que nos