Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 55 )

l’environne, se sentira des prodigieux sacrifices qu’il offrira sans cesse à une manie dont la nature est de ne jamais contenter celui qu’elle tourmente.

Les méprises étant faciles & les erreurs ordinaires, nouvelle source de chagrins & de contrariétés : l’entêtement prend la place du goût, & la fureur de la possession empêche la paisible jouissance.

Je n’ai jamais pu concevoir comment on ne se contentoit pas d’une belle copie au défaut de l’original. Souvent l’œil le plus exercé hésite entre les deux peintures ; & quand on pourroit avoir par ce moyen trente beaux tableaux pour le prix qu’on met à un seul, comment se ruine-t-on pour un tableau unique ?

Tel homme a vendu ses maisons & ses terres, pour faire une collection d’estampes renfermées dans des porte-feuilles invisibles, & qu’il n’ouvre pas quatre fois l’année. Il se traîne encore aux ventes ; crie à l’huissier, d’une voix éteinte, un sol ; dit tout haut