Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 45 )

nent des pieds à la tête, tout en se faisant des mines. C’est le moment où les nouvelles circulent ; de sorte qu’un fait arrivé à huit heures du soir est su de tout Paris à dix heures. Le commentaire & les bons mots qui font arrêt, l’accompagnent déjà, & il ne sera plus permis d’en parler le lendemain.

Après les nouvelles, vient l’étalage de chaque doctrine particuliere ; mais le récit est court, excepté dans la bouche des officiers de marine[1], qui abusent des circonstances pour tenir école publique de pilotage. Les femmes dissimulent leur ennui, & font glisser adroitement la conversation sur le nouvel opéra ; on descend de la vergue du grand mât aux bassons de l’orchestre, &

  1. Tous les officiers de terre & de mer ont-ils la connoissance du style de Turenne ? Le voici après le gain d’une bataille importante : Les ennemis sont venus nous attaquer, nous les avons battus ! Dieu en soit loué ! J’ai eu un peu de peine. Je vous souhaite le bonsoir : je me mets dans mon lit.