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Mais quiconque sait observer la marche de l’esprit humain, voit qu’insensiblement tous les genres d’écrire s’appliquent à la morale politique. C’est le grand intérêt de l’homme & des nations. Les écrivains tendent à ce but utile. La morale n’est ni triste, ni fâcheuse, ni sombre ; on peut intéresser, amuser, plaire, tout en instruisant. Les esprits vraiment solides, les ames vigoureuses ne dédaignent point ce qui peut distribuer la science, en la parant des couleurs de l’imagination. Une piece de théatre, fût-ce même un opéra comique, peut devenir un peu moins frivole, & paroître encore plus attachante. C’est l’office des gens de bien, dit Montaigne, de peindre la vertu la plus belle qui se puisse.

Lorsque quelqu’un a fait un livre de politique ou de morale, sur-le-champ on lui répete le refrein accoutumé : Travaux impuissans ! Peines perdues ! Les mœurs ne changent point. Les abus seront toujours les mêmes. Rien ne peut rompre leur impulsion établie ; les hommes seront toujours ce qu’ils