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mordu Clément, & Clément a bien mordu la Harpe ? N’a-t-on pas eu le plaisir de voir le coup de dent littéraire porté & rendu ? N’est-on pas indécis sur la profondeur respective de la blessure ? Ne les juge-t-on pas d’une force à peu près égale, dignes d’être ceints du même laurier, & de continuer le journal pour renouveller le spectacle, à la satisfaction de l’amphithéatre ?

Dans les conversations, on blâme les auteurs, pour se donner un ton de dignité & de décence : mais on court à la feuille satyrique qui est dans l’anti-chambre ; on y cherche bien vite l’endroit où l’on suppose que l’épigramme qu’on attend sera burinée. Si elle n’est pas incisive ; si, oubliant son fiel accoutumé, le journaliste a été foible ce jour-là, on dit, en haussant les épaules : il n’y a rien de piquant dans ce numéro. Et la malignité invariable du lecteur, qui va toujours prêchant la concorde, ne trouvant point à se satisfaire, il jette la feuille avec dédain, & dit : si cela continue, je ne souscrirai plus.